
L’annonce du ministre des Outre-mer Manuel Valls concernant le renforcement de la présence militaire française à Mayotte suscite autant d’espoirs que de controverses. Entre volonté affichée de garantir la souveraineté française et tensions régionales avec les Comores, le débat s’enflamme.
Une stratégie de protection renforcée
Manuel Valls, auditionné le 12 mars par la Commission de la Défense de l’Assemblée nationale a confirmé la volonté de l’État français d’assurer une meilleure protection du territoire mahorais. Dans le cadre de la révision de la revue nationale stratégique, l’objectif affiché est de renforcer les moyens de la base navale existante à Petite-Terre et potentiellement implanter une nouvelle infrastructure pour une réactivité optimale face aux arrivées massives de kwassa-kwassa.
Une question demeure : où se situera cette nouvelle base ? L’île de Mtsamboro, stratégiquement placée sur les routes migratoires est avancée comme une option crédible. Toutefois, l’annonce ne provient pas du ministère des Armées, ce qui laisse planer un doute sur sa concrétisation.
Une réaction prévisible des Comores
Sans surprise, le gouvernement comorien a vivement réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Mbaé Mohamed, qui a dénoncé une initiative « contraire au droit international » et une « militarisation à outrance » de Mayotte. Cette position fait partie de la ligne diplomatique traditionnelle des Comores qui revendiquent toujours l’île comme partie intégrante de leur territoire.
Le gouvernement comorien s’appuie surtout sur les résolutions de l’ONU condamnant la présence française à Mayotte. Pourtant, la France reste ferme sur sa position rappelant que Mayotte a voté à plusieurs reprises pour son maintien au sein de la République française.
Un traitement médiatique à géométrie variable
L’annonce du renforcement militaire à Mayotte a été largement relayée par les médias nationaux, mais avec un angle parfois critiqué. Le quotidien « Le Parisien », s’appuyant sur une dépêche de l’AFP, a principalement mis en avant les critiques du gouvernement comorien et des militants pro-rattachement sans réellement donner la parole aux élus mahorais ou aux défenseurs de la souveraineté française sur l’île.
Une dynamique politique en évolution
Au-delà des annonces et des réactions, cette évolution marque un tournant dans la politique de la France vis-à-vis de Mayotte. La volonté affichée d’inscrire Mayotte au sein de la Commission de l’océan Indien jusqu’ici réservée à La Réunion est un autre signal fort de cette stratégie. Reste à voir si cette dynamique se traduira concrètement sur le terrain et si les Mahorais verront leurs attentes réellement prises en compte.
En attendant, un gros travail de communication reste à mener pour contrer la déstabilisation permanente que subit Mayotte, tant sur la scène internationale que dans l’opinion publique française.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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