
Alors que le changement climatique accentue les vulnérabilités des territoires ultramarins, La Réunion et Mayotte traversent une crise de l’eau alarmante. Entre sécheresse, infrastructures vieillissantes et explosion démographique, la gestion des ressources hydriques devient un enjeu crucial pour ces îles de l’océan Indien.
Une situation critique
À La Réunion, un déficit pluviométrique aggravé par un réseau obsolète
L’île intense subit une sécheresse persistante, particulièrement dans l’Est, région habituellement considérée comme le château d’eau de l’île. La pluviométrie en berne a un impact direct sur les réserves en eau potable, entraînant des coupures régulières qui affectent aussi bien les foyers que les entreprises.
Mais la crise ne se limite pas au climat. Les infrastructures de distribution, vieillissantes et sous-dimensionnées face aux besoins actuels, aggravent les pertes en eau. Selon les chiffres des autorités locales, près de 40 % de l’eau traitée se perd dans les fuites du réseau, un gaspillage qui alimente la grogne des usagers et des agriculteurs.
À Mayotte, une crise structurelle amplifiée par la démographie
Si La Réunion peine à gérer une sécheresse récurrente, la situation à Mayotte est encore plus dramatique. L’île dépend de deux retenues collinaires qui peinent à satisfaire une demande toujours croissante, exacerbée par une forte pression démographique.
Pour faire face à cette situation critique, des coupures d’eau drastiques ont été mises en place, pouvant aller jusqu’à plusieurs jours sans approvisionnement dans certaines zones. Cette précarité hydrique fragilise un peu plus un territoire déjà en proie à des tensions sociales et sanitaires.
Des conséquences multiples
Les répercussions de cette crise touchent tous les aspects de la vie quotidienne et de l’économie.
À Mayotte, l’accès réduit à l’eau complique les conditions d’hygiène, favorisant la propagation des maladies hydriques, tandis que les établissements scolaires et hospitaliers doivent composer avec des pénuries récurrentes.
À La Réunion, les agriculteurs voient leurs cultures menacées par des restrictions d’irrigation, compromettant la production locale et la sécurité alimentaire.
Dans les deux îles, le tourisme, pilier économique essentiel, pourrait pâtir de la situation, les visiteurs étant de plus en plus attentifs aux conditions de séjour et aux infrastructures de base.
Quelles solutions ?
Face à l’urgence, les collectivités et l’État s’efforcent de mettre en place des mesures structurelles :
1. Modernisation des infrastructures : Réduction des fuites, construction de nouvelles unités de production et amélioration des réseaux de distribution.
2. Gestion durable de l’eau : Campagnes de sensibilisation, incitations à la réduction de la consommation et développement du recyclage des eaux usées.
3. Dessalement de l’eau de mer : Une solution envisagée, notamment à Mayotte, mais qui pose des questions sur son coût énergétique et environnemental.
La crise de l’eau dans les Outre-mer met en lumière les limites des modèles actuels de gestion des ressources. Une politique de long terme, intégrant résilience climatique et investissements massifs, devient impérative pour assurer l’avenir hydrique de La Réunion et de Mayotte.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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