Comores : Approvisionnement en eau – quand le foncier freine un projet d’intérêt public

À l’heure où les Comores font face à des défis croissants en matière d’accès à l’eau potable, le Projet d’approvisionnement en eau résilient aux changements climatiques promet d’apporter une solution durable à 60 % de la population d’ici 2027. Pourtant, si les travaux avancent dans plusieurs zones, ils se heurtent à un obstacle de taille : la réticence des propriétaires terriens à céder l’accès à leurs parcelles pour permettre l’installation des infrastructures nécessaires.
Une manque de coopération qui freine le projet
Réunis hier à l’hôtel Retaj à Moroni, les administrateurs du projet, en présence de représentants du PNUD et des gouverneurs des îles ont dressé un état des lieux des avancées et des défis persistants. Le directeur général de l’Environnement, Elamine Youssouf Mbechezi, a mis en avant le principal frein rencontré sur le terrain : la question foncière. « Dans plusieurs localités, les habitants empêchent l’utilisation de leurs terres pour le passage des tuyaux », a-t-il dit, pointant surtout la sous-région de Bambao ya Djuu comme un foyer de résistance.
Face à ces blocages, les autorités tentent de négocier au cas par cas, mais les discussions s’éternisent, ralentissant la mise en œuvre du projet. Malgré ces difficultés, des avancées notables ont été enregistrées. Des forages ont déjà été réalisés dans plusieurs régions, surtout à Bambao ya Djuu, Itsandra, Nguengwe et Mbwankuu, où les habitants commencent à en bénéficier. Le projet s’étend également aux îles de Ndzuani et Mwali, avec des infrastructures mises en place pour renforcer la sécurité hydrique des ménages et des communautés rurales.
Un projet ambitieux aux perspectives encourageantes
Lancé en novembre 2019 par le président Azali Assoumani à Ndzuani, ce programme a été temporairement freiné par la crise sanitaire de la Covid-19. Aujourd’hui, avec le soutien renouvelé des bailleurs, les autorités se montrent optimistes quant à sa réalisation dans les délais.
Le projet repose sur trois objectifs importants. Le développement des infrastructures adaptées aux changements climatiques pour garantir un approvisionnement durable en eau. Il y a aussi le renforcement de la résilience des communautés rurales, particulièrement vulnérables aux périodes de sécheresse. Mais encore de doter le pays d’un réseau d’eau potable fiable et sécurisé.
Si les habitants des zones concernées coopèrent pleinement, les travaux pourraient même être finalisés avant 2027, assurent les administrateurs.
L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, et ce projet représente une avancée essentielle pour les Comores. Mais il montre également la nécessité de concilier intérêt collectif et enjeux fonciers, un défi fréquent dans l’archipel. À l’heure où les négociations se poursuivent, une prise de conscience collective sera déterminante pour permettre à tous de bénéficier de cet acquis essentiel.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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