La FIFA lève les restrictions financières imposées à la Fédération malgache de football

La Fédération malgache de football (FMF) entrevoit enfin la sortie d’une longue période de disette financière. Depuis cinq ans, l’instance était soumise à des restrictions budgétaires sévères imposées par la FIFA, limitant drastiquement son accès aux subventions internationales.
Le président de la FMF, Alfred Randriamanampisoa, a annoncé avec soulagement la levée de ces sanctions, qui va permettre à la fédération de reprendre une gestion plus autonome de ses finances. Cette décision marque un tournant majeur pour le football malgache, même si la FIFA maintient des conditions strictes de gouvernance. « Désormais, nous pouvons gérer les choses de manière régulière, mais nous devons toujours respecter les règles de gouvernance de la FIFA, sachant qu’il existe de nombreux contrôles effectués par cette instance », a rappelé Alfred Randriamanampisoa. En effet, la fédération reste sous surveillance : une mission d’audit financier est programmée mi-avril pour examiner la gestion des cinq années écoulées sous sanction. « Ces contrôles sont cruciaux pour s’assurer que les fonds alloués au football malgache sont utilisés de manière transparente et conforme aux standards internationaux », confie une source proche du dossier.

Des sanctions motivées par des problèmes de gouvernance
Le gel partiel des financements de la FIFA trouve son origine dans des dysfonctionnements de gouvernance au sein de la FMF. C’est à la suite d’une période de crise interne et de gestion intérimaire controversée que l’instance mondiale avait décidé de limiter son soutien financier. Le football malgache traversait en effet « une période difficile depuis qu’il a été soumis à des restrictions de la part de la FIFA en raison de la gestion intérimaire de Victorien Andrianony », ancien président par intérim de la FMF. Cette situation faisait suite à un vide de leadership causé par les démêlés judiciaires de l’ancien président élu, plongeant la fédération dans l’incertitude. Dans ce contexte, la FIFA avait jugé nécessaire de bloquer une grande partie des subventions tant que la gestion n’était pas jugée conforme à ses standards. « Auparavant, nous étions privés de 75 % des subventions, mais à partir du mois de mai, nous obtiendrons la totalité », a précisé Alfred Randriamanampisoa lors de l’Assemblée générale de la FMF fin mars. Autrement dit, durant cinq ans, la fédération n’a pu disposer que d’un quart des aides financières auxquelles elle pouvait normalement prétendre. Des manquements en matière de transparence, de suivi comptable et de gouvernance interne – illustrés par l’absence prolongée d’un président légitime et des luttes de pouvoir en coulisses – ont conduit la FIFA à prendre cette mesure conservatoire. L’objectif était de protéger les fonds du football malgache en attendant un retour à la normale dans la gestion de la FMF.

Ce retour à la normale a été amorcé avec l’élection d’Alfred Randriamanampisoa à la présidence en octobre 2023, qui a permis de rétablir une direction stable à la tête de la FMF. Dès son arrivée, le nouveau président a fait de la levée des sanctions budgétaires une priorité absolue. « Je vais me rendre au siège de la FIFA d’ici deux semaines, pour plaider la cause de Madagascar et demander la levée de cette sanction qui nous empêche de travailler sereinement », déclarait-il ainsi au lendemain de son élection.
Son plaidoyer et les efforts de redressement interne ont porté leurs fruits : la FIFA et la Confédération africaine de football (CAF) ont officiellement acté la levée de la restriction budgétaire, signe d’un regain de confiance envers la gouvernance malgache. Une lettre conjointe de la FIFA et de la CAF a été remise à la FMF, confirmant la restauration de l’autonomie financière du football malgache à compter de mai 2025.

Des projets prioritaires relancés grâce aux subventions débloquées
Avec ce feu vert financier, la FMF peut enfin relancer des projets d’envergure restés en suspens ces dernières années faute de moyens. Plusieurs chantiers prioritaires vont être financés par les subventions débloquées, mettant l’accent sur les infrastructures et la formation technique. Parmi les initiatives annoncées figure la rénovation du Centre Technique National de Football à Carion, près d’Antananarivo, un équipement clé pour la formation des joueurs et des entraîneurs malgaches. Les travaux de réhabilitation à Carion sont déjà en cours. De même, la modernisation du centre de perfectionnement de Mahajanga, sur la côte nord-ouest, a été planifiée : ce centre régional bénéficiera de mises à niveau importantes dont le lancement est prévu l’année prochaine. En outre, la FMF prévoit la construction de nouveaux terrains dans la région du Vakinankaratra (centre du pays), afin d’offrir aux clubs et aux jeunes talents des installations de qualité plus proches de chez eux.

Parallèlement à ces infrastructures, la fédération va intensifier ses programmes de développement technique et logistique. Chaque ligue régionale de Madagascar va être dotée en équipements sportifs – ballons, filets, matériels d’entraînement – pour soutenir l’activité des clubs locaux. Ce coup de pouce matériel était très attendu dans les 22 ligues du pays, souvent en manque de ressources de base. La FMF a également investi, même pendant la période de restrictions, dans le renouvellement de sa flotte de véhicules afin d’améliorer la logistique du football national : de nouveaux 4×4, des motos et des minibus ont été acquis ces dernières années, et un autocar d’une capacité supérieure est attendu prochainement. Désormais, avec 100 % des fonds FIFA débloqués, ces investissements vont pouvoir se multiplier et s’accélérer. « Nous pourrons désormais mettre en œuvre des projets d’envergure », s’est félicité Alfred Randriamanampisoa, évoquant un nouveau départ pour le football malgache après des années de projets avortés faute de budget. La réhabilitation des infrastructures sportives s’accompagne même d’une dimension environnementale : juste avant son assemblée générale, la FMF a organisé une opération de reboisement en partenariat avec la ligue d’Itasy, une initiative verte soutenue par la FIFA pour allier sport et développement durable.
Enfin, la question des stades est également cruciale. La mise aux normes du stade Barea de Mahamasina, principal stade national à Antananarivo, figure parmi les projets soutenus par la FIFA et la CAF. Ce stade, récemment rénové mais pas encore homologué pour accueillir des matchs internationaux officiels, nécessite des améliorations techniques – notamment au niveau de la pelouse et des installations médias. Des experts de la CAF ont été dépêchés début avril pour travailler de concert avec la FMF sur l’entretien du gazon et l’évaluation des infrastructures. L’objectif est de pouvoir faire homologuer le stade d’ici juin, ce qui permettrait aux Barea, l’équipe nationale, de rejouer devant leur public dès les prochaines rencontres internationales. La levée des restrictions financières contribue donc indirectement à ce chantier stratégique, en libérant des ressources pour compléter les travaux et en rassurant les partenaires internationaux sur la capacité de la FMF à mener à bien ces améliorations.

Un nouvel élan pour le football local : clubs, compétitions et formation
Le retour des financements va donner un coup de boost au football à l’échelle locale. Privée de moyens pendant cinq ans, la FMF va désormais pouvoir soutenir plus activement les clubs, les compétitions nationales et la formation des jeunes. Alfred Randriamanampisoa a indiqué que la fédération allait « accentuer la vitesse dans le cadre du développement du football, surtout au niveau des ligues régionales ». Concrètement, les clubs de première division comme ceux des championnats régionaux devraient profiter d’infrastructures améliorées et de meilleurs équipements. La dotation en matériels aux ligues, financée par le programme FIFA Forward, permettra aux équipes locales de s’entraîner et de jouer dans de meilleures conditions (ballons neufs, tenues, outils d’entraînement). De plus, la construction de nouveaux terrains dans des zones jusqu’ici peu équipées, telle que le Vakinankaratra, ouvrira l’accès au football à davantage de pratiquants en province. Ces terrains supplémentaires faciliteront l’organisation de tournois régionaux et la détection de talents en dehors de la capitale.

Au niveau des compétitions nationales, la fédération peut désormais envisager une reprise à plein régime. Le championnat malgache et les coupes nationales, parfois perturbés par des contraintes financières, devraient bénéficier d’une organisation plus stable. Avec un budget libéré, la FMF pourrait par exemple aider aux frais de déplacement des clubs lors des compétitions inter-régionales ou encore offrir des primes plus attractives, renforçant ainsi le niveau de compétition. La perspective de pouvoir accueillir à nouveau des matchs internationaux à domicile, grâce à l’homologation espérée du stade Barea, est également un facteur d’émulation pour le football local. Jouer devant son public galvanisera l’équipe nationale et inspirera les jeunes footballeurs du pays, tout en générant des recettes les jours de match pour l’économie sportive malgache.
La formation des jeunes et des encadrants est un autre grand chantier qui va bénéficier de cette relance. Le Centre technique national de Carion, une fois rénové, deviendra le cœur des programmes de formation fédéraux : stages pour les jeunes espoirs, modules de certification pour les entraîneurs malgaches, et recyclage des arbitres y seront organisés avec le soutien technique de la FIFA. De même, la modernisation du centre de Mahajanga offrira un pôle de développement dans cette région, évitant aux jeunes talents du nord-ouest de devoir tous se déplacer dans la capitale pour bénéficier d’une formation de haut niveau. Avec des infrastructures adéquates et des financements débloqués, la FMF pourra déployer des programmes techniques ambitieux (détection de jeunes, académies régionales, compétitions de jeunes catégories, etc.) qui renforceront la base du football malgache sur le long terme.

En termes d’emploi et d’économie sportive, cette nouvelle donne est porteuse d’espoir. La réalisation des projets d’infrastructure va créer des emplois locaux, que ce soit pour la construction des installations ou pour leur maintenance (techniciens de pelouse, gestionnaires de centres, personnel d’encadrement). Le dynamisme retrouvé du secteur footballistique pourrait aussi attirer de nouveaux sponsors et partenaires – à l’image de la société de téléphonie Yas Madagascar, déjà engagée aux côtés de la FMF
– ce qui renforcerait l’écosystème économique du sport dans le pays. En somme, la levée des restrictions budgétaires devrait irriguer l’ensemble du tissu footballistique malgache, des villages aux grandes villes, en redonnant moyens et ambition à un sport que le public local affectionne passionnément.


Des responsables de la Fédération malgache de football lors de l’Assemblée générale du 28 mars 2025 à Ampefy, où la levée des restrictions budgétaires de la FIFA a été officialisée.

Réactions des acteurs du football malgache
L’annonce de la FIFA a suscité de vives réactions, majoritairement positives, au sein de la communauté du football malgache. Au premier rang, le président de la FMF Alfred Randriamanampisoa, artisan de ce nouveau départ, a exprimé sa satisfaction prudente. « Il est important de noter la levée de ces sanctions […] mais nous devons toujours respecter les règles de gouvernance de la FIFA », a-t-il déclaré en insistant sur la responsabilité qui incombe désormais à son équipe. Pour lui, la confiance retrouvée de Zurich est à la fois une bouffée d’oxygène et un défi : « cette autonomie retrouvée devrait nous permettre d’accélérer nos projets et d’améliorer les conditions du football à Madagascar », a-t-il affirmé en substance, tout en sachant que le droit à l’erreur est mince. La FIFA et la CAF, bien qu’ayant levé leur tutelle financière, attendent de la FMF une gestion « irréprochable » des fonds à l’avenir.

Du côté des clubs et des ligues régionales, la levée des restrictions est accueillie avec soulagement et espoir. Un entraîneur de club de première division, joint par nos soins, confie sous couvert d’anonymat que « c’est toute la base du football malagasy qui va respirer. Les cinq dernières années ont été compliquées pour les clubs, car la fédération ne pouvait plus nous soutenir comme avant. Maintenant, on espère des terrains en meilleur état, des ballons pour nos entraînements et pourquoi pas des aides pour les déplacements en championnat. » Dans les ligues de province, on souligne l’importance du retour des programmes de formation. « Beaucoup de jeunes talents n’attendaient que des opportunités de stages et de tournois. Avec les moyens débloqués, la FMF va pouvoir relancer les championnats de jeunes et des formations d’entraîneurs chez nous en région. C’est un grand pas en avant », déclare ainsi un responsable technique de la ligue d’Itasy, présent lors de l’Assemblée générale. Les clubs professionnels comme les petites écoles de football locales voient dans cette décision l’amorce d’une nouvelle dynamique pour le ballon rond malgache.
En interne, la fin de l’ère des sanctions a également apaisé les tensions qui pouvaient exister au sein de la FMF. Pour la première fois depuis des années, l’ensemble des acteurs semblent tirer dans le même sens. Lors de l’Assemblée générale d’Ampefy, « l’équipe d’Alfred Randriamanampisoa a obtenu à l’unanimité le quitus [des ligues] après les rapports d’activités de 2024 », et ce « malgré les différends entre les ligues qui avaient voté pour le président actuel et celles de l’opposition » par le passé. En d’autres termes, les factions rivales au sein du football malgache se sont ralliées derrière la relance en cours. Les deux candidats malheureux de la dernière élection fédérale ont d’ailleurs reconnu la victoire d’Alfred Randriamanampisoa et renoncé à tout recours, saluant la transparence du scrutin. Cette unité retrouvée offre un terreau favorable pour reconstruire sereinement. Néanmoins, certaines voix appellent à la vigilance quant à l’utilisation des nouveaux fonds débloqués. Des observateurs rappellent que la FMF devra faire preuve de transparence absolue pour ne pas retomber dans les travers du passé. Les attentes sont élevées, et la réussite de cette « nouvelle FMF » sera scrutée de près par les supporters comme par les instances internationales.

En conclusion, la levée des restrictions financières de la FIFA envers la FMF ouvre une page d’espoir pour le football malgache. Après des années de blocage dues à des problèmes de gouvernance, la normalisation financière va permettre de concrétiser des projets structurants – centres techniques, stades, équipements – et de redonner de l’élan aux clubs ainsi qu’aux jeunes joueurs. Les impacts attendus, tant sportifs que socio-économiques, sont considérables à l’échelle du pays. Il appartient désormais aux dirigeants malgaches de gérer cette renaissance budgétaire de manière exemplaire. « La FIFA, la CAF et la COSAFA n’assistent plus à nos assemblées car elles ont confiance en nous », a souligné Alfred Randriamanampisoa. Cette confiance retrouvée devra être honorée par une gestion rigoureuse, pour que le football malgache, du sommet jusqu’au terrain de quartier, profite pleinement de cette nouvelle donne. Les millions de passionnés à travers Madagascar l’espèrent ardemment, tandis que les Barea et l’ensemble des acteurs du ballon rond se projettent à nouveau vers l’avenir avec optimisme.


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