
« Quand on n’a plus rien, on a encore les mots. Et les nôtres, on les crie. »
À Madagascar, le rap n’est pas une mode. C’est un réflexe. Un instinct de survie.
Dans les ruelles de Mahajanga, les cours de Toamasina ou les collines d’Antananarivo, des gamins prennent le micro comme on prend la parole à l’assemblée. Pas pour faire joli, mais pour dire ce qu’on ne veut plus entendre : la faim, l’injustice, la colère, l’avenir volé.
Leur musique ne passe pas à la radio. Mais elle tape, fort.
Dans les textes de Bolo, Nanté98 ou 70’menazova, pas de filtre : juste la rue, brute, rugueuse, mais debout. Les rimes tracent des lignes de front. Les punchlines cognent comme des pavés lancés contre l’indifférence.
À force de mots, ils tiennent debout.
Parce qu’ils savent qu’un couplet peut faire plus de bruit qu’un discours. Parce qu’ils n’ont plus confiance dans les promesses, alors ils les transforment en refrains.
Parce qu’un jour, peut-être, leurs sons deviendront échos — et que l’écho, lui, ne meurt jamais.
Pour eux, pour elleux, pour tous ces jeunes qui refusent de se taire, le rap est plus qu’un art : c’est un acte.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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