
La Grande île sous pression
C’est un petit mot qui fait grand bruit : « décret ». Le Fond Monétaire Internationale (FMI) ne veut plus entendre de belles promesses. Pour débloquer la prochaine tranche d’aide budgétaire à Madagascar, estimée à plus de 100 millions de dollars, l’institution exige une chose : que l’ajustement automatique des prix du carburant soit écrit noir sur blanc dans un décret officiel.
Ce papier est important parce qu’il garantit que le prix à la pompe suivra le vrai coût du marché mondial, même si cela devient impopulaire localement. Pour le FMI, pas de texte, pas d’argent.
La vérité des prix, c’est quoi au juste ?
C’est un principe économique simple : arrêter de subventionner les carburants et laisser les prix refléter leur véritable coût. Tout cela dans le but d’éviter que l’Etat ne perde des milliards pour maintenir artificiellement des prix bas. Cette politique permettrait de libérer des fonds pour d’autres priorités comme la santé, l’éducation ou les infrastructures.
Madagascar a déjà commencé à appliquer cette règle depuis janvier. Mais sans base légale solide, le FMI reste méfiant. Il veut que le mécanisme d’ajustement soit formalisé dans un nouveau décret pour le second semestre de 2025, accompagné d’un arrêté détaillant le mode de calcul des prix.
JIRAMA – l’autre géant à réformer
Autre condition du FMI : finaliser le plan de sauvetage de la JIRAMA, la compagnie nationale d’électricité. Et pour cause, elle coûte chaque année à l’Etat près de 250 millions de dollars en subvention. Une énorme somme qui pourrait être investi ailleurs ? le gouvernement promet des efforts pour une meilleure gouvernance, transition énergétique, services améliorés. Mais pour l’instant, le FMI veut des preuves, pas de discours.
Pour le président Andry RAJOELINA, il s’agit de convaincre que le pays reste engagé dans la voie des réformes, malgré les vents contraires. Car l’équation est délicate puisqu’il sera difficile de maintenir la confiance du FMI, tout en évitant la colère de la population face à la hausse des prix du carburant. La suite n’est pas simple, mais une chose est sûre : à Madagascar, le carburant est devenu bien plus qu’une question de moteur. C’est un vrai teste de gouvernance.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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