
« Ils étaient là pour l’art. Enfin… surtout pour le spot photo. »
À Antananarivo comme ailleurs, le musée n’est plus seulement un lieu de mémoire. C’est devenu une scène.
On ne vient plus voir, on vient se montrer.
Un selfie devant une sculpture. Une story bien cadrée. Un boomerang avec les bonnes lumières. Et hop : publié, liké, oublié.
Mais pendant qu’on ajuste l’angle, une question reste en suspens :
Est-ce qu’on regarde encore vraiment ce qu’on a sous les yeux ?
Ou est-ce que le cadre de l’écran a remplacé celui du tableau ?
« J’avoue, au début je venais surtout pour les photos, » admet une jeune fille. « Mais à force, je me suis mis à lire les textes, à poser des questions. Franchement, y’a des histoires d’ouf derrière certaines œuvres malgaches qu’on ne connaît même pas. »
Certaines expos malgaches, aujourd’hui, semblent avoir pris le pli : néons, décors immersifs, ambiance instagrammable.
« Souvent, les visiteurs passent devant les œuvres sans lire les cartels. Ils cherchent l’angle parfait, pas l’histoire derrière la toile », confie une ancienne stagiaire dans un musée de la capitale. « Certains me demandent même s’il y a du Wi-Fi avant de demander des infos sur l’expo. »
Est-ce encore de l’art… ou juste du marketing esthétique ?
On repart avec de belles images, oui. Mais les idées, elles, restent accrochées aux murs.
Parce que derrière chaque œuvre, il y a une voix.
Parfois politique, souvent douloureuse, toujours humaine. Une voix que les filtres étouffent.
Alors la vraie question, elle est là, simple, directe, sans effet :
Tu veux prendre une photo ? Ou laisser une trace dans ton regard ?
Hadjani ANDRIANARINIVO


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