
Une souveraineté citoyenne pour la souveraineté de l’archipel
La place de l’indépendance à Moroni a vibré ce mercredi 16 Avril au rythme d’une manifestation symbolique et politique. Environ deux cents personnes, des figures politiques, militants et simples citoyens ont répondu à l’appel du Comité Maoré et de l’Organisation de la Société civil comorienne (OSCC) pour rejeter toute tentative de militarisation de l’île comorienne de Mayotte, actuellement sous administration française.
Derrière cette mobilisation, il y a un message fort : Mayotte est comorienne, et rien ne justifie qu’elle devienne un poste militaire stratégique, encore moins qu’elle soit intégrée comme “département français” au sein de la Commission de l’océan Indien (COI).
Une base militaire qui fâche même si elle n’existe pas (encore)
Des rumeurs d’’un projet de deuxième ase militaire navale française à Mayotte circule depuis plusieurs semaines. Même si l’ambassade de France à Moroni dément formellement cette information, l’idée seule a suffi à rallumer les braises d’une colère ancienne. Pour les organisateurs de la marche, cette hypothèse n’est pas anodine : elle est perçue comme une provocation, une atteinte à la souveraineté comorienne et une menace pour la paix régionale.
Dans une lettre adressée aux Nations Unies, les manifestants ont alerté sur le danger que représenterait cette militarisation dans une zone que l’ONU a déclarée en 1971 comme devant rester espace de paix.
La COI – un champ de bataille diplomatique
L’éventuelle adhésion de Mayotte à la COI en tant qu’entité Française. Une ligne rouge pour les comoriens parce que selon le député Ibrahim Ali Mzimba, l’intégration de Mayotte à la COI reviendrait à légitimer son détachement de l’archipel. Pour lui et de nombreux intervenants, c’est aux Comores d’opposer leur veto grâce aux outils diplomatiques à leur disposition.
Une voix jeune – patriotique et panafricaine
Plus qu’un événement politique, cette manifestation a réuni une nouvelle génération de militants panafricanistes et patriotes, qui refusent ce qu’ils appellent les « manœuvres néocoloniales » de la France et dénoncent la complicité de certains responsables comoriens. Ils appellent également les Mahorais à se joindre à eux pour défendre l’unité de l’archipel.
Il est clair que la jeunesse comorienne ne veut pas d’une paix imposée mais d’une souveraineté assumée. Et à l’heure du sommet de la COI prévu à Madagascar, cette mobilisation risque bien de bousculer les discussions diplomatiques.
Hadjani ANDRIANARINIVO


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