Mayotte et la COI : une fracture géopolitique au cœur de l’océan Indien

Le 24 avril 2025, à Antananarivo, lors du cinquième sommet des chefs d’État de la Commission de l’océan Indien (COI), la question de l’intégration de Mayotte a ravivé les tensions diplomatiques entre la France et les Comores.

Une proposition française controversée

Le président français Emmanuel Macron a plaidé pour l’intégration de Mayotte, département français depuis 2011, au sein de la COI.
Il a souligné que « nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l’écart d’un certain nombre de nos programmes », appelant à une « approche pragmatique » pour inclure Mayotte dans les initiatives régionales.

La France, via l’Agence française de développement (AFD), est le principal bailleur de fonds de la COI, finançant environ 40 % de son budget et gérant un portefeuille de 125 millions d’euros de projets.

La réaction ferme des Comores

Le président comorien Azali Assoumani a rejeté catégoriquement cette proposition, affirmant que « Mayotte est comorienne selon le droit international » et appelant la France à respecter les résolutions de l’ONU sur l’intégrité territoriale des Comores.

Le ministre comorien des Affaires étrangères, Mbae Mohamed Chanfi, a réitéré cette position, soulignant que la COI doit respecter les principes du droit international et que l’intégration de Mayotte serait contraire à ces principes.

Un contexte géopolitique complexe

La question de Mayotte s’inscrit dans un contexte plus large de rivalités géopolitiques dans l’océan Indien, une région stratégique convoitée par plusieurs puissances.
La France cherche à renforcer sa présence dans la région, tandis que les Comores s’opposent à toute initiative qui pourrait légitimer la souveraineté française sur Mayotte.

Par ailleurs, des rumeurs concernant l’installation d’une nouvelle base militaire française à Mayotte ont exacerbé les tensions, les Comores y voyant une menace pour leur souveraineté.

Vers une impasse diplomatique ?

Le sommet n’a pas abouti à un consensus sur l’intégration de Mayotte à la COI, l’unanimité étant requise pour toute décision.
Un dialogue bilatéral entre la France et les Comores est envisagé pour aborder ce dossier sensible, mais les positions restent profondément divergentes.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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