Mayotte étouffe sous les déchets : l’AFD au secours d’une île en crise

Quand les ordures s’entassent, les maladies menacent

Quatre mois après le passage dévastateur du cyclone Chido, Mayotte peine toujours à se relever.
Ce 23 avril, un coup d’accélérateur a été donné : l’Agence française de développement (AFD) et le Sidevam (Syndicat intercommunal d’élimination et de valorisation des déchets) ont uni leurs forces pour relancer une gestion des déchets au bord de l’effondrement.
Un plan d’urgence doté de 7 millions d’euros a été annoncé pour désengorger l’île.

7 millions pour tenter de désenclaver Mayotte

Trois conventions ont été signées : un prêt à long terme de 5 millions d’euros et deux subventions pour financer les projets les plus urgents.
Objectif : construire un pôle logistique à Dzoumogné, installer 500 nouveaux points de collecte, moderniser les bacs existants et bâtir deux déchèteries supplémentaires à Tsararano et Longoni.
Un plan de survie pour une île où chaque jour, 400 tonnes de déchets s’ajoutent aux décombres laissés par Chido.

Des montagnes d’ordures, une population à bout

Le cyclone a semé le chaos : voiries bloquées, véhicules hors service, centres d’enfouissement saturés ou inondés.
Résultat : 6 000 tonnes de déchets supplémentaires ont envahi les rues.
Des « zones tampon » ont été improvisées en urgence, mais la situation sanitaire reste critique, entre risques de prolifération du chikungunya et pollution massive des sols.

Les prestataires tirent la sonnette d’alarme

Le 8 avril, lors d’une visite officielle à Mayotte, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a été interpellé directement par le Sidevam.
Chanoor Cassam, directeur général des services, a lancé l’alerte sans détour : « Trop de déchets, pas assez de moyens. Nos entreprises ne sont pas payées depuis quatre mois. »
Des grèves menacent désormais, risquant de paralyser encore davantage un service de collecte déjà exsangue.

Un début de solution, mais l’urgence reste totale

Si les fonds débloqués offrent une bouffée d’air, ils ne suffiront pas à résoudre la crise d’un simple coup de baguette magique.
Le défi est double : réagir à l’urgence immédiate et préparer l’île à mieux résister aux catastrophes futures.
Avec une production de déchets en constante augmentation et des infrastructures vieillissantes, Mayotte n’a plus le choix : elle doit bâtir un modèle plus solide, plus réactif, et surtout plus durable.

Le combat contre les déchets ne fait que commencer.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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