
Moins de nuitées, plus d’annulations : entre chikungunya, cyclone et crise du porte-monnaie, les pros de l’hôtellerie s’inquiètent.
Ils étaient les piliers du tourisme pendant le Covid. Aujourd’hui, les réunionnais semblent tourner le dos à leur île. En trois ans, les séjours locaux ont fondu comme la neige au soleil. 5,3 millions de nuitées marchandes en 2022, 4,2 millions en 2023, 2,9 millions en 2024. Et ce début d’année 2025 ne fait qu’enfoncer le clou : -51,6 de nuitées en janvier, -33% de séjours en février. Le tourisme local, autrefois refuge semble désormais hors budget.
« La Réunion n’est plus visible, et on ne parle que de Chikungunya ou de Garance. Résultat : les Réunionnais préfèrent partir ou restent chez eux. » alerte Patrick SERVEAUX, président du syndicat des hôteliers et restaurateurs (UMIH).
Entre virus et vie chère – les raisons du désamour s’additionnent
« C’est un rééquilibrage, mais aussi une conséquence directe de la perte de pouvoir d’achat », explique Raoul Vincent de l’observatoire du tourisme. Pendant le covid, les vols étaient rares et les hôtels affichaient complet. Mais avec la réouverture des frontières et l’envol des prix sur place, les réunionnais ont changé d’air.
Claudette NAGUYN, directrice du relais de l’Hermitage à Saint-Gilles, constate les dégâts : « En avril, on a pris un coup. Moins de clients, moins de repas resto, moins de réservations. On reste flexibles, on propose des reports quand les gens annulent à cause du chikungunya. Mais ça ne suffit pas. »
Et pourtant, côté tourisme extérieur, le ciel s’éclaircit
Arrivés touristiques en hausse de 1,4% au premier trimestre 2025, nuitées extérieures en progression de 11,3% recettes grimpant à 128,7 millions d’euros. Mais les réservations aériennes pour la période de mai à octobre bondissent de 13,3%.
« Le local, c’est plus de la moitié de nos revenus. Si on le perd, on coule », résume un professionnel.
L’heure est grave mais pas perdue
Une grande campagne de com’ va être lancée. Mais pour séduire les Réunionnais, il faudra plus que des affiches. Il faudra écouter leurs galères, leurs envies, leurs limites. Et leur redonner envie d’aimer leur île – sans se ruiner.


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