
Entre projets high-tech et galères de terrain, l’île veut décoller, mais reste clouée au sol. Agriculteurs oubliés, pistes en rade, port en attente … Les promesses suffisent-elles à nourrir l’espoir ?
« On nous a oubliés après la tempête »
« On nous a promis de l’aide… mais tout ce qu’on récolte, c’est du silence. »
Inoussa Ahamadi, agriculteur à Combani, regarde ses champs balayés par le cyclone Chido avec une colère tranquille. Quatre mois plus tard, toujours pas un centime d’aide à l’horizon. Et il n’est pas le seul : pêcheurs, éleveurs, maraîchers, tous attendent des secours qui n’arrivent pas. Mayotte avance, dit-on. Mais pour qui ? Et à quel prix ?
5G partout sauf dans les poches
Le 101e département français rêve grand : un nouveau port à Longoni, un aéroport à Bouyouni, la 5G lancée par Orange qui couvre déjà 80 % de l’île. Sur le papier, l’île se transforme en hub moderne du canal du Mozambique. Mais sur le terrain, la réalité claque comme un drap trop court sur un lit trop grand.
Prenons la 5G. Un vrai saut dans l’avenir pour la santé, l’éducation ou les entreprises locales. Mais voilà : l’Europe a changé ses règles en 2024 et maintenant, plus question d’utiliser les aides fiscales pour booster les réseaux numériques. Résultat ? Les opérateurs piétinent. Et Mayotte risque de rester connectée à ses frustrations.
Un aéroport pour les Boeing ? Pas pour demain
Même chose pour le port et l’aéroport. Emmanuel MACRON a validé leur construction en avril, mais les financements peinent à suivre. La piste de Dzaoudzi n’est même plus capable d’accueillir des Boeing 777, indispensables pour le fret. Résultat : des marchandises bloquées, des prix qui explosent, des entrepreneurs locaux à bout.
« On veut juste pouvoir travailler, pas attendre des mois que Paris réagisse, » lâche un jeune logisticien de Mamoudzou.
Une île qui attend toujours
Pendant ce temps, les règles fiscales changent, les aides sont gelées, et les démarches administratives s’enlisent dans les lenteurs locales et européennes. La Fédération des entreprises d’Outre-mer (FEDOM) tire la sonnette d’alarme : si rien ne bouge, c’est toute l’économie de Mayotte qui risque de caler.
Et pourtant, tout est là pour réussir. Une jeunesse dynamique, une position stratégique dans la région, des projets porteurs. Ce qui manque ? Une vraie volonté politique pour dégeler les aides, écouter les Mahorais, et agir vite.
Parce que si Mayotte veut tracer sa route, il faut d’abord qu’on arrête de la faire tourner en rond.


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