
De Madagascar aux Comores, en passant par Maurice ou La Réunion, les jeunes réclament des réponses concrètes. Et si la solution venait d’eux-mêmes ?
Des idées, des attentes, des rêves et en attente d’une écoute. Les jeunes étudiantes cherche à construire leur avenir sans mode d’emploi. Hier, dans un amphi d’Ankatso, l’Université d’Antananarivo a ouvert ses portes à un dialogue rare : « Parlons Développement », une série de rencontres appuyée par le PNUD et la Banque mondiale, qui donne enfin la parole aux jeunes sur un sujet brûlant : l’emploi. Car dans l’océan Indien, où la majorité de la population a moins de 25 ans, l’insertion professionnelle n’est pas un défi à venir. C’est une urgence quotidienne.
Apprendre à inventer demain
Parmi les intervenants, Patrick RAMIANDRISOA, patron de la start-up Akata Goavana, ne mâche pas ses mots : « Il ne faut plus se former pour des métiers qui vont disparaître. Il faut créer les siens. » Dans des territoires souvent frappés par la précarité, l’entrepreneuriat devient une réponse, presque une nécessité. Mais il appelle à un changement de posture : penser stratégie, s’adapter au numérique, oser innover.
Même constat pour Emmanuel COTSOYANNIS, entrepreneur franco-malgache : « Quinze millions d’emplois sont à créer. Pas demain. Maintenant. » Face à l’ampleur du défi, il prône des alliances fortes entre États, institutions, entreprises et universités pour que l’action ne reste pas un mot vide.
Un archipel d’idées – une même jeunesse
L’initiative « Parlons Développement » pourrait bien inspirer d’autres îles. À La Réunion, les jeunes alertent depuis des années sur l’explosion du chômage. À Maurice, la fuite des cerveaux se poursuit. Aux Comores, les diplômés peinent à trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences. Tous vivent la même équation impossible : être qualifiés, motivés, mais marginalisés.
Ce que cette rencontre montre, c’est que les solutions ne peuvent plus venir d’en haut, mais d’un dialogue direct, franc et sans filtre avec la jeunesse. Celle qui vit la réalité, chaque jour, et qui refuse de rester spectatrice.
« Donnez-nous une place, pas un discours »
La jeunesse de l’océan Indien n’attend pas qu’on lui tende la main. Elle réclame qu’on lui ouvre la porte. Une porte vers des formations adaptées, des mentors accessibles, des politiques qui écoutent. À Ankatso, hier, cette voix a commencé à se faire entendre. À nous tous, désormais, d’amplifier l’écho.


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