Comores :  T’as une idée ? Maintenant t’as une garantie !

L’État veut donner un coup de pouce concret aux jeunes qui rêvent d’entreprendre

« J’avais un projet d’agriculture bio dans le nord de Ngazidja. Tout était prêt. Mais la banque m’a demandé une garantie que je n’avais pas. J’ai abandonné. » Kassim, 29 ans, n’est pas un cas isolé. Aux Comores, ils sont des centaines de jeunes comme lui à avoir des idées solides, utiles, rentables mais à se heurter à un mur : le financement.

Mardi 13 mai à Moroni, le président Azali ASSOUMANI a officiellement lancé une réponse à ce blocage : la Société de Garantie des Comores (Sogak). L’objectif est de srvir de garant à ceux qui n’en ont pas et permettre aux porteurs de projets, surtout les jeunes, d’obtenir enfin un crédit bancaire. Une première dans le pays.

Deux guichets pour booster les idées locales

La Sogak va fonctionner avec deux grands guichets : où 300 millions de francs comoriens seront réservés aux secteurs stratégiques comme l’agriculture, le tourisme, l’artisanat, l’économie bleue, ou encore les petites industries. Et 1,2 milliard de francs comoriens pour les autres projets de développement.

Concrètement, si demain une entrepreneure veut monter une fabrique de savons naturels ou une start-up numérique, la Sogak pourrait cautionner son prêt auprès des banques, à sa place. Un vrai tremplin pour les PME, trop souvent bloquées par le manque de garanties.

Des promesses, mais aussi des avertissements

Azali a profité de l’événement pour annoncer la fin de la tolérance face à la corruption. « Le temps du favoritisme, des détournements, des petits arrangements entre amis est révolu », a-t-il lancé devant les chefs d’entreprise, le grand Mufti et les partenaires techniques internationaux. « Je serai implacable », a-t-il martelé.

Une manière d’assurer que cette nouvelle structure ne devienne pas un outil de plus pour les réseaux bien placés, mais un levier au service des comoriens ordinaires.

Une aide française – un avenir comorien

La France, via l’Agence Française de Développement, a injecté 3,2 millions d’euros pour accompagner ce projet. Mais au-delà des chiffres et des financements, c’est une bataille culturelle qui commence afin de faire comprendre que l’entrepreneuriat peut être une voie d’avenir, même sans héritage, ni piston, ni fortune familiale.

Le ministre des Finances a insisté : la Sogak est un partenariat public-privé, avec des actionnaires locaux (banques, Sanduk, Chambre de commerce). L’objectif affiché est clair : créer de l’emploi, formaliser l’économie, et donner leur chance aux idées d’ici.

Une promesse – pas une baguette magique

La Sogak n’effacera pas tous les obstacles. Mais pour des jeunes comme Kassim, c’est peut-être la première vraie main tendue depuis longtemps. Encore faudra-t-il que l’accès soit simple, transparent, et réellement ouvert aux oubliés du système. Car les Comores ont des ressources. Elles ont aussi des cerveaux. Il ne leur manque parfois qu’un peu de confiance et maintenant, une garantie.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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