
3,2 milliards. C’est la somme impressionnante que l’État promet d’investir à Mayotte d’ici 2031. Un chiffre qui claque comme une annonce de victoire. Mais dans les rues de Koungou ou sur les hauteurs de Tsoundzou, on se pose surtout une question : est-ce qu’on verra enfin la couleur de cet argent ?
Depuis le passage dévastateur du cyclone Chido en décembre, Mayotte vit à genoux. Les toits arrachés, les routes effondrées, les écoles fermées. Et une jeunesse qui regarde les pelleteuses comme on regarde une promesse trop souvent reportée.
« On nous dit qu’on va reconstruire, mais on veut voir, pas juste entendre. Parce que les annonces, on en a l’habitude ici », lâche Sitti, étudiante.
Une loi, des milliards et des doutes
Le Sénat vient de valider en commission une loi de programmation pour la refondation de Mayotte. En clair : un grand plan d’action pour rebâtir l’île. Eau potable, hôpitaux, écoles, routes, sécurit. Le gouvernement promet du lourd. Et cette fois, un comité de suivi et un rapport à mi-parcours sont annoncés. Les sénateurs ont même exigé que l’État présente une feuille de route claire avant la fin 2025. Mais sur le terrain, la confiance est cassée. Trop d’années à attendre des résultats, trop de chantiers inachevés. Et un constat : les besoins sont urgents maintenant, pas dans six ans.
Immigration, sécurité – les mesures qui divisent
Là où le texte fait mal, c’est sur les volets migration et sécurité. Le gouvernement veut durcir l’accès au séjour, retirer des titres de séjour à certains parents et faciliter les expulsions des bidonvilles ; même sans proposer de relogement. Et la question des visas territorialisés, qui empêchent les Mahorais de circuler librement en France, reste sur la table. Pour beaucoup, c’est une forme d’injustice territoriale, une frontière dans leur propre pays.
Une île à rebâtir – des voix à écouter
Ce plan pour Mayotte, c’est peut-être une chance. Mais ce ne sera une refondation réelle que si les habitants y trouvent leur place, s’ils deviennent les acteurs de leur avenir, pas seulement les spectateurs d’un chantier décidé depuis Paris.
À l’heure où l’État promet de reconstruire pierre par pierre, c’est aussi la confiance qu’il faudra rebâtir, mot par mot, geste par geste.


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