
À La Réunion, ils sont des milliers à avoir rangé leur rêve d’indépendance dans un tiroir. Certains dorment sur le canapé de leurs parents. D’autres, dans leur voiture. Ou pire : dans la rue. Leur point commun ? Avoir fait une demande de logement social et attendre. Attendre encore. Et toujours.
En 2024, 49 238 demandes ont été déposées. Moins de 6500 ont été satisfaites. La moyenne d’attente dépasse deux ans, mais plus de 7500 personnes poireautent depuis plus de trois ans. Pour beaucoup de jeunes, c’est une vie à l’arrêt.
« J’ai 28 ans, je bosse en CDD. Impossible de louer dans le privé. Je dors dans ma voiture, devant chez ma mère. C’est ça, mon quotidien », raconte Thomas, un Saint-Paulois qui a perdu tout espoir d’avoir un jour « les clés de chez lui ».
Des logements sur papier, mais pas en vrai
La CNL (Confédération nationale du logement) tire la sonnette d’alarme : 8500 logements sociaux ont été financés, certains depuis plus de six ans, mais aucun chantier en vue. Sur le terrain, les rares constructions ne compensent même pas les démolitions. En 2024, la ville du Port a perdu 59 logements sociaux. Résultat : c’est marche arrière toute.
Saint-Paul, champion de l’attente
C’est à Saint-Paul que le chiffre fait mal : seulement 6 logements attribués sur 100 demandes. Même les communes les plus « efficaces » n’en satisfont qu’un quart. Dans 14 communes, le taux d’attribution est inférieur à 11 %.
Et pendant que des familles s’entassent, que des jeunes errent, des élus réclament le pouvoir d’attribuer eux-mêmes les logements dans leur commune. Certains crient au clientélisme déguisé. Pendant ce temps, rien n’avance.
Ce que demande la CNL
Erick Fontaine est clair : « Il faut arrêter de mentir aux gens ». La CNL exige : la publication de la liste complète des logements financés mais jamais livrés, la mise en chantier immédiate des projets validés, un comité de suivi public pour faire pression. Et surtout : l’arrêt des démolitions non compensées.
À La Réunion, des jeunes dorment dehors pendant que des projets s’empilent dans des tiroirs. Il ne s’agit plus seulement de béton ou de paperasse. Il s’agit de dignité, de justice sociale, de choix politiques. Ce n’est pas juste une crise du logement. C’est une génération qu’on empêche de vivre debout.


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