Madagascar : Mission prison impossible ? Réparer sa vie sans tournevis

Malgré l’absence de moyens, ils se battent pour apprendre, se reconstruire et sortir la tête haute.

Ils veulent apprendre. Mais avec quoi ?

« Je veux juste pouvoir retravailler, guider des touristes, parler leur langue. Pas retourner en arrière. » explique un détenu à Antanimora, 35 ans.

À la prison centrale d’Antanimora, ils sont des dizaines à se lever chaque matin avec un objectif simple : apprendre. Apprendre un métier, une langue, une compétence. Apprendre à ne plus revenir ici. Mais entre l’envie de s’en sortir et la réalité du terrain, le fossé est immense. À en croire Haja Lalaina Arimanana, adjoint chargé de la réinsertion sociale : « Même si les détenus sont motivés, nous manquons cruellement de matériel. ». Stylos, cahiers, ordinateurs, machines à coudre, outils de maçon… Même les formations les plus simples se heurtent à ce manque chronique d’équipement. Pourtant, l’énergie, elle, ne manque pas.

Une école de la deuxième chance bricolée

Aujourd’hui, grâce à l’appui de 48 associations, une palette impressionnante de formations est proposée aux détenus : couture, pâtisserie, coiffure, mécanique, électricité, décoration intérieure, langues étrangères… Il y a même des cours de kabary, l’art oratoire malgache. Chez les mineurs incarcérés, on prépare les examens, comme dans une vraie école. Mais ce qui manque, ce sont des moyens pour durabiliser ces efforts. Et surtout, une reconnaissance : « On voudrait des certificats après chaque formation. Sinon, qui nous croira dehors ? », souffle un détenu.

Pas des criminels à vie

L’administration lance un appel : aux philanthropes, aux entreprises, aux citoyens. Ce qu’il faut ? Du matériel, du soutien, de la confiance. Pas des discours, mais des actes. Parce que derrière les barreaux, il y a des hommes et des femmes qui veulent tourner la page. Encore faut-il leur en donner les moyens.

Ce que ça raconte ?

Que la réinsertion, ce ne sont pas que des programmes sur papier. Ce sont des visages, des efforts, des combats quotidiens. Et un espoir tenace : celui que l’erreur d’hier n’efface pas l’avenir de demain.

Hadjani ANDRIANARINIVO

Laisser un commentaire