Comores : Délimiter ou diviser ? Quand les frontières des villages deviennent des lignes de feu

« Ici commence notre village, là c’est le leur. » Cette phrase, on l’entend trop souvent dans les campagnes de Ngazidja, d’Anjouan ou de Mohéli. Mais derrière ces mots simples, se cachent des années de conflits, parfois silencieux, parfois violents. Et c’est bien cette réalité que le gouvernement a enfin décidé d’affronter, ce mercredi 21 mai, lors du Conseil des ministres.

Depuis des années, des villages voisins se disputent des terres, des accès à l’eau, des bouts de route. Sans qu’aucune carte claire ne vienne trancher. Sans qu’aucune autorité n’ose intervenir durablement. Résultat : les tensions montent, les rancœurs s’installent et les jeunes se retrouvent au cœur de conflits qu’ils n’ont pas choisis.

Des cartes pour la paix, pas pour les papiers

Au lieu de parler « documents cadastraux », le Conseil des ministres a parlé « vivre ensemble ». Car oui, une simple ligne sur une carte peut déclencher une bagarre ou restaurer la paix. Le gouvernement veut désormais cartographier les localités avec les habitants eux-mêmes. Pas dans un bureau à Moroni, mais sur le terrain, là où la terre est connue, foulée, transmise. Il ne s’agit pas seulement de savoir où commence un champ ou une maison. Il s’agit de calmer des tensions qui déchirent nos communautés.

Des tuyaux, des routes et des repères

Au même moment, d’autres urgences avancent. Le ministre de l’Énergie a annoncé que la Direction de l’eau et de l’électricité est prête à lancer de nouveaux chantiers. L’objectif est que chaque village ait enfin accès à l’eau potable et à une électricité stable. Le Conseil des ministres l’a validé, mais tout le monde sait que sur le terrain, rien n’est simple. Encore il faut que ces infrastructures ne soient pas bloquées par des querelles de frontières.

Le ministre des Travaux publics, lui, a visité plusieurs routes en chantier. Car dans un pays où un trajet entre deux localités peut durer deux heures au lieu de vingt minutes, une route, c’est bien plus que du goudron : c’est un lien, une ouverture.

Mesurer, c’est protéger

Autre sujet peu connu mais essentiel : la métrologie. Derrière ce mot scientifique se cache une réalité concrète : la balance du vendeur de tomates, le litre d’essence à la pompe, ou le poids du poisson acheté au marché. Le ministre de l’Économie a lancé une campagne de sensibilisation à ce sujet, qui ira d’île en île. Parce que protéger le consommateur, c’est aussi garantir la justice dans les petites transactions du quotidien.

Des lettres et des actes

Enfin, les ministres ont tous reçu leurs lettres de mission, avec des objectifs précis pour le second semestre. Fini les discours vagues. Le Président veut des résultats, visibles, mesurables, concrets. Le ministre de l’Éducation a même proposé de créer un lieu dédié à l’apprentissage croisé entre la Chine et les Comores, symbole d’une ouverture culturelle assumée.

Ce qu’on retient ?

Derrière les grands mots comme « délimitation », « métrologie » ou « aménagement », ce sont nos vies, nos trajets, nos relations entre villages qui sont en jeu. Il ne s’agit pas seulement de politique. Il s’agit de mieux vivre ensemble, sur des terres que l’on connaît, mais qu’on n’a jamais su vraiment dessiner.

Hadjani ANDRIANARINIVO

Laisser un commentaire