
À Madagascar, une mère laisse son bébé avec une lettre bouleversante. Un geste extrême, partagé bien au-delà de ses frontières, dans une région où les femmes restent trop souvent seules face à l’abandon, la pauvreté et le silence.
Dans une ruelle d’Anosizato Est I, un bébé à peine né, emmitouflé dans une couverture, a été déposé au sol. À ses côtés, un sac. Et dans ce sac, une lettre écrite à la main :
« Ce n’est pas par choix que je la laisse, mais par amour, pour qu’elle puisse vivre. »
La scène s’est déroulée le 22 mai. Mialy Hosea Najaritiana, c’est le prénom que sa mère a demandé de lui donner a été trouvée vivante. Elle a été soignée, nourrie par des mères du quartier, puis conduite à l’hôpital. L’enquête est en cours, mais le message est clair : ce n’est pas une histoire isolée.
Un cri venu de toutes les îles
À La Réunion, on parle de grossesses adolescentes dans les quartiers oubliés. À Maurice, les travailleuses précaires cumulent charges mentales et isolement. Aux Comores et à Mayotte, des mères fuient l’instabilité ou l’exclusion. À Madagascar, la pauvreté extrême pousse parfois à des gestes de survie.
Ce que révèle le geste de cette jeune Malgache, c’est l’abandon derrière l’abandon. Celui de femmes souvent livrées à elles-mêmes, sans filet, sans écoute, sans soutien. Son histoire résonne dans toutes les langues de l’océan Indien : en créole, en shimaoré, en malgache, en comorien. Le mot « honte » traverse tous ces territoires. Tout comme le mot « courage ».
Une lettre comme un miroir
La lettre retrouvée bouleverse par sa simplicité. Elle ne justifie pas. Elle explique. Elle supplie. Elle dit la faim, la rue, le désespoir. Elle parle à toutes les mères invisibles.
« Si je l’emmène avec moi, elle risque de mourir de faim. Nous dormons au bord de la route. ». Il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’un symptôme. Celui d’une société qui regarde ailleurs. Où la maternité est sacrée tant qu’elle est discrète. Où les femmes doivent être fortes, mais seules.
Et maintenant ?
Ce bébé est sauvé. Mais combien d’autres ne le seront pas ? Ce n’est pas à la police seule de répondre. Il est temps que nos sociétés parlent à leurs mères autrement. Avec respect. Avec écoute. Et surtout, avec action. Car derrière chaque abandon, il y a une question simple : que faisons-nous pour qu’une mère n’ait plus jamais à écrire de telles lettres ?


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