
« A Tana, tu rêves pas de réussir. Tu rêves de fuir. »
Tahina a 22 ans. Son seul plan d’avenir : un billet d’avion, n’importe où. Elle veut juste respirer hors de cette île. Et elle n’est pas seule. À Madagascar, c’est devenu le rêve par défaut pour la plupart des jeunes : partir. Pas pour voir du pays. Pour sauver sa peau.
Enfer à trois étages
L’économie : zéro filet
50€ par mois. 63 % de chômage chez les jeunes. Diplômé ou pas, t’es sur le carreau. « Bac+3 en biochimie… je vends des beignets. » — Norbert, 26 ans Ici, l’école ne garantit rien. Même pas un plat chaud.
La politique : copier-coller d’échecs
5 présidents en 10 ans. Zéro changement. Juste des visages différents pour la même misère. « L’urne, c’est pour les riches. Moi, je vote avec mes jambes. »
La pression sociale : t’as pas le droit d’échouer
T’es jeune ? T’es censé nourrir ta famille. Pas de job, pas de loisirs, pas de marge. Juste le poids. « T’as intérêt à réussir. Pour nous tous. » — Mère à son fils, 17 ans
Le rêve d’ailleurs
TikTok, l’autre frontière
Dubaï brille. L’Europe semble simple. En ligne, tout paraît facile… jusqu’à l’atterrissage. « En France, j’ai compris que même souffrir coûte cher. »
Risques et mirages
Mayotte, La Réunion, Comores, Europe… Beaucoup y vont sans visa, sans réseau, sans retour. Départs clandestins en flèche : +200 % depuis 2021. « C’est pas un exil. C’est un saut dans l’inconnu, sans parachute. »
Changer de pays = changer de galère
« Je nettoie des toilettes en Belgique. Mais au moins je mange. ». Partir, ce n’est pas vivre mieux. C’est juste vivre autrement. Moins pire, parfois.
Rester ? Par choix. Par force. Par espoir.
Ceux qui restent pour construire
Certains choisissent de rester et d’agir. Startups, projets agricoles, éducation… ils plantent des graines sur un sol sec. Ils ne rêvent pas. Ils bossent. Ici. Maintenant. « On s’est dit : soit on subit, soit on agit. »
Le réveil local
Collectifs, assos, entraide… c’est pas une ONG. C’est une réponse. « On fait avec nos mains. Pas avec leurs promesses. »
Entre courage et contrainte
« Je reste pour mes petits frères. » ; « Je reste… parce que j’ai pas les moyens de fuir. »
Le dilemme : fuir ou tenir ?
« Partir n’est pas un abandon. Rester n’est pas un échec. »
Le vrai drame, c’est que la jeunesse malgache ne croit plus qu’elle peut changer le pays de l’intérieur. Alors elle rêve d’en sortir. Pas pour fuir… Mais pour respirer.


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