Madagascar : Derrière le filet, la débrouille – les pêcheur artisans en première ligne

« Nos filets sont vieux, nos pirogues fuient, mais on continue, parce que c’est notre vie, et celle de nos enfants. », explique un pêcheur à Majunga.

Sur les plages de Majunga, l’aurore révèle des silhouettes maigres et courageuses. Les pêcheurs artisans, visages burinés par le sel et le soleil, sont en mer avant que la ville ne s’éveille. Ils nourrissent le pays, mais qui les nourrit, eux ?

Entre stratégie et survie

Les 27 et 28 mai, au Carlton Anosy, un forum sur la pêche et l’aquaculture a rassemblé décideurs, bailleurs et experts autour d’un objectif : financer durablement ce secteur vital. Une rencontre qui, malgré les beaux discours, a fait grincer des dents sur les côtes.

Madagascar compte plus d’un million de personnes qui vivent directement ou indirectement de la pêche artisanale. Ce secteur représente jusqu’à 7 % du PIB. Et pourtant, les pêcheurs peinent à vivre dignement. L’Union européenne, à travers le programme Ecofish, estime que le pays pourrait produire 120 000 tonnes de poissons par an, pour plus de 300 millions de dollars. Mais entre l’objectif et la réalité, un océan de défis.

Promesses à flot, pêcheurs à sec

« On manque de tout : de moteurs, de glacières, de sécurité… Même nos jeunes ne veulent plus suivre cette voie, parce qu’ils voient la misère », déplore Edmond.

Face à ces réalités, les promesses pleuvent. Le ministre de la Pêche, Paubert Mahatante, parle de « bâtir une économie bleue respectueuse des communautés locales ». Le directeur de l’Économie bleue, Rado Rakotosoa, chiffre les besoins à 300 millions de dollars. Et l’UE, par la voix de son ambassadeur, Roland Kobia, réaffirme son soutien : « La mer est une richesse fragile. »

Mais sur le terrain, la mer n’attend pas. Les poissons se font rares, les ressources s’épuisent, les bateaux sombrent, parfois avec leurs hommes. Sans équipements modernes, sans financements concrets, les pêcheurs malgaches restent coincés entre les vagues de promesses et les marées de survie.

« Ce forum ne doit pas être juste une réunion de plus. Il faut des actions, maintenant », martèle Maminiaina Marc de la Commission de l’océan Indien, qui promet d’agir comme « catalyseur de financements ».

Une feuille de route a été adoptée, incluant formation, modernisation et pratiques durables. Mais ce sont les visages fatigués, les mains calleuses et les espoirs fragiles des pêcheurs qui attendent, plus que tout, que ces mots deviennent réalité.

Ici, la mer nourrit. Mais qui protège ceux qui la pêchent ?

Hadjani ANDRIANARINIVO

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