
À La Réunion, le salon Veezit a mis en lumière un rêve partagé : faire de l’océan Indien une destination unifiée.
Si les îles unissaient leurs forces, ils pourraient peser bien plus dans le monde. Avec Lova Ratovomalala, directeur de la Confédération du Tourisme de Madagascar, à ses côtés, des représentants de Maurice, de La Réunion, des Seychelles ou encore des Comores ont répondu présent au salon Veezit, tenu ce week-end à Saint-Denis. Une rencontre qui dépasse le simple événement touristique.
Pourquoi ça nous concerne, ici, dans l’océan Indien ?
Parce que derrière les stands et les brochures, c’est notre avenir économique, nos emplois et notre identité collective qui se jouent. Le secteur du tourisme reste l’un des piliers de nos économies insulaires. Mais face à une concurrence mondiale féroce et des crises sanitaires ou climatiques à répétition, nos îles, chacune de leur côté peinent à se faire entendre.
« Il faut cesser de se regarder en chiens de faïence », lâche un professionnel réunionnais du secteur. « L’union ne veut pas dire l’uniformité. Ça veut dire : travailler ensemble intelligemment. »
Une économie fragile – potentiel énorme
La Réunion a enregistré une belle performance au premier trimestre 2025 avec une forte hausse des arrivées touristiques. Mais pour d’autres, comme Madagascar, les défis sont multiples : manque d’infrastructures, baisse de fréquentation, isolement. Le salon Veezit a permis à la délégation malgache de défendre une vision tournée vers l’écotourisme et les croisières.
« On a accueilli 54 000 croisiéristes en 2024. C’est énorme. Mais on peut faire bien plus, si l’accueil est mieux structuré et si on forme mieux les gens ».
Du côté de Maurice, Sydney Pierre, ministre délégué au Tourisme, a martelé la nécessité de coordonner les offres entre les îles pour gagner en visibilité internationale. L’idée ? Créer des circuits multi-îles, valoriser nos différences, mutualiser nos efforts. Plus de coopération, moins de compétition.
Et la COI dans tout ça ?
La Commission de l’océan Indien (COI) n’est pas restée silencieuse. Lors de son sommet en avril à Madagascar, elle a mis noir sur blanc des priorités : meilleure connectivité aérienne et maritime, libre circulation régionale, montée en compétences, identité commune. Ces priorités se retrouvent aujourd’hui au cœur des discussions de Veezit. Pour la CTM, « il est temps que ces belles paroles deviennent des actes. Il faut du courage politique. »
Et les habitants dans tout ça ?
Entre les annonces institutionnelles et les stratégies marketing, les voix locales tentent de se faire entendre. À La Réunion, on s’inquiète : « OK pour attirer des touristes. Mais est-ce que ça va vraiment profiter aux petits hôteliers, aux guides indépendants, aux agriculteurs ? », interroge Mélanie, artisane. Même écho à Sainte-Marie (Madagascar), où l’on craint que l’écotourisme reste un mot creux si les communautés locales ne sont pas mieux impliquées. « On veut être acteurs, pas figurants », disent les habitants.
Le salon Veezit n’est pas qu’un défilé d’offres de voyages. C’est un moment charnière pour repenser le tourisme dans l’océan Indien, avec une approche régionale, solidaire et durable. Mais pour y arriver, il faudra plus que des salons : du concret, du terrain, et surtout une volonté partagée d’en faire un projet des peuples, pas seulement des gouvernements.


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