Cyclones en série : et si l’océan Indien apprenait à protéger ses agriculteurs ensemble ?

Après Chido, Garance, Belal… Les îles de l’océan Indien encaissent coup sur coup les tempêtes climatiques. Mais les agriculteurs, eux, encaissent seuls. Et si la réponse, c’était le collectif régional ?

À Mayotte, la terre est sèche, les champs sont vides. Depuis le passage du cyclone Chido en décembre 2024, les bananes, le manioc, les volailles… tout est parti. « On n’a plus rien à vendre, plus rien à manger et personne pour nous dire quand ça reviendra », soupire un agriculteur. Comme lui, des centaines de petites exploitations familiales sont au bord de l’abandon.

La France a bien débloqué une aide d’urgence via le FEADER. Mais tout est lent, technique, et souvent inaccessible pour ceux qui n’ont ni connexion, ni soutien administratif. « Les aides, elles arrivent quand le cyclone suivant est déjà là », ironise une productrice de légumes de Dzoumogné. C’est le même refrain à La Réunion après Garance, ou à Maurice après Freddy.

La réponse solitaire ou la solution solidaire ?

À La Réunion, après le cyclone Garance, le gouvernement a lancé un « pacte d’avenir » pour les collectivités : indemnisations rapides, fonds européens mobilisés, soutien à la filière canne. Mais ce soutien reste cloisonné. « On voit des millions débloqués ici, des miettes là-bas. Alors que nous partageons les mêmes nuages ! » lance un agriculteur réunionnais.

Madagascar, justement, n’a pas attendu pour agir. Sa région nord, épargnée par Chido, a proposé d’exporter des fourrages vers Mayotte. 600 emplois pourraient être créés là-bas, tout en nourrissant le bétail ici. Les Comores, elles, ont affrété un cargo pour livrer de la nourriture à Mayotte. Et pourtant, rien de structuré, rien d’institutionnalisé. Que des élans.

Et si on institutionnalisait la solidarité ?

La réalité, c’est que chaque île répond dans son coin. Les Seychelles reconstruisent vite mais n’exportent rien. Maurice aide ses agriculteurs, mais n’a pas de mécanisme régional. La Réunion a le savoir-faire, Madagascar les terres, les Comores la proximité, Mayotte le besoin : et si on connectait tout ça ?

Un fonds régional de réponse agricole post-catastrophe. Des ponts maritimes réguliers. Des aides inter-îles sans condition administrative impossible. Et surtout : une vision commune.

L’océan Indien mérite mieux

Il ne s’agit pas de remplacer Paris, ni de mendier Bruxelles. Il s’agit de grandir ensemble. Nous avons le climat, les terres, les bras, les savoirs. Ce qui manque ? La volonté politique de penser en archipel.

Parce qu’après chaque cyclone, il faut plus qu’un toit : il faut de quoi semer, de quoi récolter, de quoi rêver. Ensemble.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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