Comores – Maurice : Quand la langue devient une frontière pour les étudiants de l’océan Indien

« J’ai abandonné au bout d’un an. Les cours étaient en anglais, je ne comprenais rien. J’avais l’impression de devenir invisible. » explique Fatouma, 22 ans, étudiante comorienne rentrée à Moroni après un court passage dans un institut mauricien.

Derrière les chiffres invisibles des échecs scolaires, il y a des visages, des espoirs et des silences. Celui de Fatouma, comme celui de dizaines d’autres jeunes comoriens venus chercher un avenir à Maurice, se heurte souvent à un mur : la langue.

Mardi 3 juin, dans les locaux du Mauritius Institute for Training and Development (MITD), un tête-à-tête diplomatique discret mais fondamental a eu lieu. Le ministre mauricien de l’Éducation, Dr Mahend Gungapersad, et la consule générale des Comores, Koulthoum Djamadar, ont mis cartes sur table : trop de jeunes comoriens échouent parce qu’ils ne parlent pas anglais. Et à Maurice, pas d’anglais, pas de diplôme.

Une fracture linguistique aux conséquences bien réelles

Car si les universités mauriciennes attirent de plus en plus d’étudiants de l’océan Indien, la réalité est moins reluisante que les brochures. Les Comores sont francophones. Maurice, elle, enseigne presque exclusivement en anglais. Résultat : certains étudiants se retrouvent largués dès le premier semestre.

Et ce n’est pas seulement une question de grammaire ou de vocabulaire. C’est un sentiment d’exclusion, de perte de repères. Une violence sourde pour des jeunes souvent partis loin de chez eux pour réussir. Le ministre Gungapersad s’est engagé à trouver des solutions concrètes, comme des modules de renforcement linguistique ou des accompagnements personnalisés.

Vers un accompagnement plus humain

Pour Koulthoum Djamadar, ce rendez-vous est le début d’une prise de conscience politique pusique les jeunes ont besoin de soutien, pas seulement de place en classe. Ils doivent pouvoir s’exprimer, s’intégrer, être compris. 

L’avenir ? Un partenariat éducatif plus humain, plus adapté, plus ancré dans la réalité des étudiants comoriens. Un partenariat où l’on cesse de traiter la langue comme un simple outil académique, et qu’on la regarde enfin pour ce qu’elle est : un pont… ou un mur.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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