Maurice : « Trop, c’est trop ! » – Les pros du secteur financier mauricien tirent la sonnette d’alarme

Quand la fiscalité pèse trop lourd, c’est tout un pan de l’économie insulaire qui vacille.

L’économie ne peut pas tourner si les règles changent tous les ans. Le fond est clair : le ras-le-bol monte dans les couloirs de la finance mauricienne.

La semaine dernière, dans l’amphithéâtre feutré du Caudan Arts Centre, ils étaient une centaine de visages tendus, venus écouter, débattre, alerter. Derrière les titres prestigieux – CEO, Partner, Managing Director – ce sont des femmes et des hommes qui voient un modèle économique vaciller.

Une fiscalité qui fait peur

Dans le viseur : les nouvelles mesures fiscales du Budget 2025-2026. La fameuse « Fair Share Contribution », par exemple, impose plus lourdement les entreprises dépassant 24 millions roupies de revenus. Et même si certains secteurs échappent à cette charge, les flous sont trop nombreux. « Ce flou crée une insécurité. Et dans la finance, l’incertitude, c’est le pire ennemi », souffle Priscilla Balgobin-Bhoyrul, avocate chez Dentons.

Le risque de tout perdre

Ce que tous redoutent ? Une fuite des investisseurs vers Dubaï, Jersey ou Singapour, où les règles sont plus stables et les impôts plus doux. Ben Lim, dirigeant d’Intercontinental Trust explique qu’à 34% d’imposition effective, on envoie un signal brutal et que les entrepreneurs vont là où on les respecte.

Moderniser, oui mais avec des moyens

Parmi les rares mesures saluées, une plateforme de e-licensing basée sur l’IA. Une belle idée, mais pour Assad Abdullatiff, d’Axis Fiduciary Ltd, ce ne sont pas les outils qui manquent. C’est la volonté d’appliquer. En plus des gens, des moyens et une vraie transparence.

Et maintenant ?

Mauritius Finance veut faire entendre la voix du terrain. Une consultation est lancée, un rapport est en préparation. Objectif : influencer le Finance Bill avant qu’il ne soit trop tard.

Parce qu’au-delà des chiffres et des taux, c’est tout un écosystème insulaire qui tremble. Et dans une région où l’économie se construit entre mer, dettes et ambitions, chaque mauvaise décision se paie cash.

Ce n’est pas juste une histoire de gros sous. C’est l’avenir de la crédibilité, des emplois de l’île Maurice.  Maurice veut encore croire à son avenir financier. Mais à force de tirer sur la corde, elle risque de rompre.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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