Océan Indien – Comores : Ngazidja brise le silence – il est temps d’agir contre les violences faites aux femmes et aux enfants

247 victimes en un an. C’est le chiffre glaçant que l’Observatoire des violences faites aux femmes et aux mineurs de Ngazidja a révélé pour l’année 2023. Derrière ce nombre, ce sont des visages, des vies, des voix qu’on étouffe. À l’image de Mariama*, 16 ans, agressée par un proche du village et réduite au silence par peur du qu’en-dira-t-on.

Mais hier, au Palais du peuple, un cap a été franchi. Le gouverneur de Ngazidja, Ibrahim Mohamed Mze, a sonné l’alerte : « Il ne suffit plus de constater. Il faut agir. Ensemble. » Ce séminaire de capitalisation de l’Observatoire, mis en place grâce à l’élan de son ancienne collègue Sitti Farouata, a réuni un panel inédit : ministres, parlementaires, ONG locales, mais aussi des partenaires de l’océan Indien et de la France.

Un combat régional, une urgence partagée

Dans nos îles, les violences sexistes ne connaissent pas de frontières. À Mayotte, une femme sur deux dit avoir déjà subi des violences physiques. À Madagascar, ce sont les mariages précoces qui brisent l’enfance ou des viols. Et aux Comores, comme le rappelle la ministre du Genre Fatima Ahamada, « la honte protège les agresseurs, pas les victimes. »

À travers la voix de Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis, partenaire du projet, un message fort a été rappelé : ce fléau est global. « Une femme sur trois dans le monde est victime de violences. C’est une guerre invisible qui se joue dans les foyers, les ruelles, les écoles. »

Briser l’isolement, construire des réponses locales

Ce que l’Observatoire permet, c’est de rendre ces violences visibles, mesurables, dénonçables. Il est temps, dit le gouverneur, de construire des réponses durables : des équipes formées, une justice réactive, des structures d’accueil humaines. Et surtout, mettre les victimes au cœur de nos politiques. Car il ne s’agit pas de chiffres, mais de vies abîmées qu’on peut encore réparer.

À l’heure où les Comores affirment leur place dans la région, cette lutte est aussi une question de dignité et de développement. Aucune société ne peut grandir en sacrifiant ses femmes et ses enfants.

*Nom modifié pour préserver l’anonymat

Hadjani ANDRIANARINIVO

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