
Pendant longtemps, des centaines d’habitants de Nyumashuwa, a vécu la soif en silence. Coupures imprévisibles, robinets secs, systèmes bricolés. Jusqu’à ce vendredi 20 juin, où la première pierre d’un nouveau réseau d’eau potable a été posée dans son village. Cette fois, on parle d’un vrai chantier. Un projet pour durer, pensé pour trente ans, et pas juste un pansement sur une plaie ouverte.
Un chantier pour tourner la page de la débrouille
Financé à hauteur de 600 millions de francs comoriens par l’Agence française de développement, le projet Progeau ambitionne de ramener une eau saine, régulière et durable à Nyumashuwa. Et pas seulement : Domoni, Ongoni et Mjimandra, à Ndzuani, bénéficieront aussi des travaux.
À Nyumashuwa, cela veut dire : un nouveau captage, une station de traitement, un réservoir de 200 m³, et 600 branchements privés sur 5 km de réseau. Le tout géré ensuite par la Sonede (Société Nationale d’Exploitation et de Distribution des Eaux) , pour éviter les erreurs du passé.
Pas d’eau sans forêt
Mais une mise en garde a secoué les esprits. Devant les habitants rassemblés, la gouverneure de Mwali, Chamina Ben Mohamed, a rappelé une vérité brute : « Si vous continuez à couper les arbres, il n’y aura plus d’eau. L’homme est parfois l’artisan de ses propres malheurs. » Car ici, l’eau dépend des forêts, des bassins versants, des sources préservées. Sans elles, même le plus beau projet ne tiendra pas.
Un droit, pas un luxe
Dans les îles comme dans toutes les terres de l’océan Indien, l’eau potable reste une bataille quotidienne. Et à Nyumashuwa, cette bataille a trop duré. Aujourd’hui, les travaux apportent une promesse. Mais pour qu’elle tienne, il faudra des gestes, des surveillances, et surtout, des voix locales pour en réclamer le respect. Parce que boire à sa soif, ça ne devrait jamais être un privilège.


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