Mayotte : L’île en zone grise – la justice des mineurs recalée 

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« Quand il vole, c’est pas pour s’amuser. C’est parce qu’il a faim. » Dans la voix d’Halima, éducatrice, on entend moins la colère que l’usure. Elle travaille avec des adolescents livrés à eux-mêmes, sans parents, sans papiers, sans école. À Mayotte, l’enfance est souvent une urgence, et la justice, un dernier refuge ou un piège.

C’est dans ce contexte brûlant que la décision du Conseil constitutionnel est tombée comme un coup de semonce : la loi Attal, censée durcir la réponse judiciaire face à la délinquance juvénile, est partiellement inconstitutionnelle.

Punir plus vite, frapper plus fort ? Les Sages disent non

Adoptée en mai 2025, la loi Attal voulait accélérer les sanctions contre les mineurs : fin des réductions automatiques de peine dès 16 ans, comparution immédiate, détention provisoire plus longue. Mais le Conseil constitutionnel a censuré ces mesures, rappelant un principe clair : la justice des mineurs doit d’abord éduquer, pas écraser.

Mayotte, volcan de tensions sociales

Mais comment appliquer ce principe à Mayotte, où 1 jeune sur 2 est mineur, et beaucoup vivent sans adultes, sans repères, sans avenir ? Le tribunal pour enfants croule sous les affaires. La police interpelle, mais les éducateurs manquent. Les juges alertent, les élus s’impatientent. Peut-être que ce n’est pas une réforme qu’il faut aux jeunes, mais un plan de sauvetage pour leur avenir ? 

Éduquer coûte cher, punir va plus vite

Ce débat traverse toute la société mahoraise. Certains veulent plus de fermeté : “On ne peut pas laisser ces jeunes impunis, sinon c’est la loi de la jungle.” D’autres répondent : “Les envoyer en prison, c’est juste aggraver le problème.”

La loi Attal, bien que pensée depuis Paris, avait trouvé un écho ici. Mais sa censure laisse un vide. Et une question centrale, encore sans réponse : comment construire une justice adaptée aux réalités de nos îles, sans trahir nos valeurs ?

Une justice depuis l’archipel, pas depuis les bureaux

À Mayotte comme ailleurs dans l’océan Indien, le modèle métropolitain ne colle pas toujours. Ici, les lois doivent être plus que des textes : elles doivent écouter, comprendre, réparer. Car derrière chaque dossier, il y a un visage, une histoire, une île.

Hadjani ANDRIANARINIVO 

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