
Entre rêve d’émancipation et volonté de rester sur leur île, des jeunes Comoriens trouvent enfin une voie possible avec le lancement du projet Force-Jeunes.
Ils sont des milliers, chaque année, à quitter les campagnes des Comores. À la recherche d’un avenir qu’on leur a dit impossible ici. Mais un vent nouveau souffle sur les terres rurales de l’archipel. Le projet Force-Jeunes, lancé le 12 juin dernier par le chef de l’État, Azali ASSOUMANI, vient redonner de l’espoir et du concre à ceux qui veulent entreprendre sans s’exiler.
Un projet taillé pour les jeunes d’ici
Avec 3 250 projets prévus sur 7 ans, Force-Jeunes ne fait pas que promettre : il forme, finance et accompagne les jeunes dans l’agriculture, la pêche ou l’élevage ; des secteurs souvent délaissés, mais riches de potentiel. Chaque année, un appel à candidatures ciblera les jeunes des zones rurales, surtout ceux vivant près des Centres Ruraux de Développement Économique (Crde).
Ce qui change ? Ce ne sont pas des aides distribuées au hasard. Le projet sélectionne les idées solides, forme les jeunes, les teste, et les cofinance. L’État apporte 60 %, les jeunes investissent 10 % de leur poche, et le reste vient d’un crédit via la MECK, un modèle qui responsabilise.
Pas de place pour le favoritisme, ni pour l’oubli
« On veut éviter le copinage. Ceux qui n’auront pas été retenus après la formation ne seront pas jetés : on les place en entreprise, on les aide à se réorienter, et ils peuvent retenter leur chance l’année suivante », promet Fouad Sidi Hachim, coordinateur du programme. Le projet mise aussi sur l’inclusion. 1,5 % des bénéficiaires seront des jeunes en situation de handicap, et la parité hommes-femmes est une priorité affirmée.
Rester n’est plus un échec : c’est un choix
Force-Jeunes, c’est une tentative de réconcilier la jeunesse avec ses racines. C’est dire à ceux qui pensent que partir est la seule issue : non, ton avenir peut se construire ici. C’est aussi une manière de renverser la honte sociale parfois liée au fait de « travailler la terre », pour y voir au contraire de la fierté, de la maîtrise et de l’innovation.
À l’heure où Rodrigues, Madagascar ou Mayotte cherchent aussi à freiner la fuite de leurs jeunes, ce programme montre que l’espoir ne vient pas que des capitales ou des métropoles, mais qu’il peut éclore au cœur des îles, là où la vie semble parfois s’arrêter.
Et si demain, rester devenait la nouvelle manière de rêver ?
Hadjani ANDRIANARINIVO


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