Mayotte au bord du gouffre – l’immigration obsède, l’éducation s’éffondre





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25 ans de lutte contre l’immigration clandestine, et toujours le même chaos. Le sénateur Saïd Omar Oili brise le silence et appelle à regarder la vérité en face.

À Mayotte, on reconduit des migrants, mais on laisse les enfants dehors. C’est, en substance, ce que dénonce Saïd Omar Oili, sénateur de l’île, qui vient de présenter un rapport choc sur l’échec cuisant des politiques migratoires menées depuis un quart de siècle. Résultat : plus d’un habitant sur deux n’est pas de nationalité française, et la situation sociale, déjà fragile, continue de se fissurer.

Des radars, des vedettes, des lois ont été mis mais les écoles manquent. Avant de poser la vraie question : à quoi bon contrôler les frontières si on ne regarde pas ce qui se passe à l’intérieur ? 

Les chiffres parlent : 327 000 expulsions… pour rien ?

Depuis 2001, plus de 327 000 éloignements ont été effectués. Des chiffres impressionnants, mais qui ne règlent rien. Les pirogues continuent d’arriver. Et surtout, les jeunes nés ici, parfois sans papiers, grandissent dans un flou identitaire total, sans accès correct à l’éducation, sans perspective d’avenir. Ces enfants, ils ne viennent pas de l’extérieur. Ils vivent ici, ils parlent ici, ils rêvent ici. Mais ils sont exclus, comme s’ils n’existaient pas. 

L’école – grande oubliée des politiques 

En 2024, avant même le passage du cyclone Chido, il manquait déjà 7 collèges, 4 lycées et 12 000 classes. Des enfants entassés, des profs débordés, et une génération sacrifiée. Pourtant, l’école pourrait être la meilleure réponse à l’immigration. Pas pour repousser, mais pour intégrer.

Refonder, oui. Mais autrement.

Une nouvelle loi est en discussion. Elle promet plus de contrôles, plus d’expulsions. Mais le sénateur Oili alerte : « Ce texte, c’est une fuite en avant. » Il appelle à une coopération régionale réelle, avec les Comores, Madagascar et les pays d’Afrique de l’Est. Pas pour punir, mais pour comprendre et agir sur les causes profondes des migrations.

Ce que dit Mayotte aujourd’hui, c’est que l’île ne tiendra plus longtemps. Ce ne sont pas seulement des bateaux à intercepter, mais des destins à réparer. Ce sont des enfants à instruire, des jeunes à insérer, des familles à comprendre. Ce sont des visages, des vies, des choix politiques à revoir, loin des clichés et des solutions toutes faites.

Hadjani ANDRIANARINIVO

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