Madagascar – Coupures électriques : le délestage coupe aussi des vies

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« J’ai perdu un mois de travail à cause du courant. »

« Mon congélateur s’est arrêté trois jours de suite. Toute ma marchandise a pourri. Qui va me rembourser ça ? » – Vendeuse de glace

Pendant que les débats s’enlisent à l’Assemblée nationale, dans les quartiers populaires d’Antananarivo, c’est la vie qui vacille – une coupure à la fois.

À Ambohidahy, Ampasampito, Ambatomaro ou Ambohimirary, la lumière s’éteint plusieurs heures par jour, sans avertissement. Et les voix qui s’élèvent ne résonnent pas dans les salons feutrés du pouvoir.

Des frigos à l’arrêt, des rêves en panne

Pâtissiers, traiteurs, vendeurs de yaourts, de jus, de glaces… Dans les ruelles de la capitale, des centaines de petits métiers dépendent de l’électricité. Sans courant, ce n’est pas seulement la lumière qu’on perd. C’est le travail. Le revenu. La dignité.

« Je n’ai pas pu honorer trois commandes de mariage. Mon four ne chauffe plus. On travaille au charbon, mais ce n’est pas pareil. » – Faralahy, pâtissier à Ampasampito

Et pourtant, les factures continuent d’arriver – parfois plus élevées qu’avant. Un paradoxe amer pour ceux qui vivent au rythme des bougies et des générateurs hors de prix.

Quand l’oxygène dépend d’une rallonge

Plus grave encore : le délestage affecte aussi le secteur médical. Certains hôpitaux peinent à garantir une alimentation électrique stable pour leurs équipements vitaux.

« Il y a des patients sous oxygène. Chaque coupure est une menace de plus sur leur vie. » – Siteny Randrianasoloniaiko, député de Toliara I

Pendant ce temps… silence au sommet

Hier, quelques députés ont tenté de provoquer une réaction du ministre de l’Énergie, en réclamant une interpellation publique. Refus de la majorité. Le ministre aurait « déjà répondu » en commission parlementaire. Pour les élus de l’opposition, c’est insuffisant. « On ne peut pas se contenter de réponses à huis clos pendant que le peuple s’épuise dans le noir. » Huit députés sur treize présents ont choisi de maintenir l’ordre du jour. Pas d’interpellation. Pas de débat.

Et maintenant ?

Tandis que les élus se renvoient la balle, la colère monte dans les foyers. Pas une colère bruyante. Une colère qui serre les dents. Celle des citoyens qui ont toujours payé – mais qui, aujourd’hui, n’ont plus rien.

— Hadjani ANDRIANARINIVO


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